Rhum Martinique
Si vous aimez le rhum agricole, il est impossible de passer à côté de la Martinique. C’est l’île où, pour ainsi dire, ce type de rhum a été inventé.
Autrefois appelé rhum « z’habitant », créé à cause de contraintes géographiques, ce type de rhum est devenu un véritable signe distinctif. Aujourd’hui, l’AOC rhum agricole de Martinique est emblématique. Il fait non seulement sa réputation, mais plus largement, celle des rhums français.
Qu’est-ce que le rhum de Martinique ?
Le rhum de Martinique est le fer de lance du rhum agricole. Alors que les pays voisins, sous domination britannique ou espagnole, produisent leur rhum à partir de mélasse, les Antilles françaises, elles, produisent du rhum à partir de jus de canne frais mis en fermentation, aussi appelé « vesou ». On appelle ce type de rhum du rhum agricole, par opposition au rhum traditionnel ou industriel.
Dans les Antilles françaises, une île s’est particulièrement distinguée en matière de rhum agricole : la Martinique est sans conteste le numéro 1 de la production de ce rhum. C’est l’un des territoires français qui compte le plus de distilleries.
Quelle est l’histoire du rhum de Martinique ?
À l’origine du rhum de Martinique, on trouvait dans l’ensemble des Antilles françaises un alcool, distillé à partir de la canne à sucre, présent dès la fin du XVIIe siècle. On l’appelait « guildive » ou « taffia ». Le prêtre Jean-Baptiste Labat en avait largement parlé dans ses travaux. Cet alcool était réputé de piètre qualité, en raison des techniques de fabrication encore rudimentaires.
Par la suite, avec les échanges culturels provoqués par les bouleversements historiques des 17e , 18e et 19e siècles, les techniques s’affinent pour laisser progressivement la place au rhum que l’on connaît aujourd’hui.
Pendant ce temps, la consommation de rhum z’habitant distillé à base de vesou se propage dans les habitations sucrières. Ses origines sont liées à une organisation particulière de la production. En effet certains producteurs de canne à sucre étaient isolés géographiquement. Cela leur posait des difficultés pour approvisionner les sucreries, où étaient produits sucre et rhum. Ils ont donc commencé à fermenter puis distiller le jus de canne sur leur propre domaine. Les prémices du rhum agricole sont nés.
L’éruption de la Montagne Pelée en 1902 bouleverse l’économie internationale du rhum. La Martinique, jusqu’alors première productrice mondiale, perd sa capitale Saint-Pierre et les dizaines de distilleries qui prospéraient alentour. Au fil du 20e siècle, le rhum de mélasse hispanique occupe à son tour la place laissée vacante et les rhums cubains prennent la première place du marché mondial, qu’ils occupent toujours aujourd’hui (voir les raisons du succès des rhums de mélasse à l’international dans notre article Comment faire le rhum).
Depuis 1996, la Martinique a obtenu l’AOC « Rhum agricole de Martinique », la seule à ce jour pour du rhum.
Comment choisir son rhum de Martinique ?
Choisir un rhum de Martinique ou d’ailleurs, c’est d’abord une affaire de goût. Selon que vous préfériez un rhum de dégustation ou un rhum à cocktails, le choix sera différent.
Chaque distillerie en propose pour tous les goûts et tous les budgets. Certaines maisons sont plus connues que d’autres.
Neisson, par exemple, est une marque emblématique. Fondée en 1932 par deux frères, c’est aujourd’hui encore une entreprise familiale, tout comme la distillerie La Favorite. Fondée en 1887, Clément est un autre grand nom du rhum martiniquais, popularisé par son abondante présence en supermarché. L’Habitation Saint-Étienne est en activité depuis plus de 150 ans. Elle est à l’origine d’un rhum, dont le nom, qui tient en trois lettres, est lui aussi tout un symbole : le rhum HSE.
Nous pourrions aussi parler du rhum Saint-James ou 3 Rivières, eux aussi très réputés, ou encore des embouteilleurs indépendants, et des nouvelles distilleries apparues ces dernières années comme A1710 ou encore Braud & Quennesson. Ces nouveaux venus annoncent un beau dynamisme à venir dans le monde institutionnalisé du rhum martiniquais.